Oui, un jour j’ai rencontré un pigeon et grâce à lui, la vision que j’avais de moi-même et de la vie a profondément changé.
Non, je n’ai pas consommé de drogues et non je ne suis pas membre d’une secte.
Récit d’une rencontre :
C’est par une succession de décisions que j’ai dis bonjour à l’appel du coeur, l’appel des tripes, celui qui vous dit que vous devez agir de telle manière coûte que coûte. La vie est bien faite, certains diront que les planètes s’alignent ( 😉 ) ou que le bon Dieu a agi. Peu importe.
J’avais décidé de partir une semaine en Sicile, de fil en aiguille, de projet en projet, je n’ai pas trouvé/pris le temps d’organiser ce voyage. À J-7, je tente de lancer les offensives en faisant une demande de réservation pour un BnB sur l’île de Stromboli. Echec. La réservation n’est pas validée, le logement n’est pas disponible. À ce moment-là, j’étais en Ecosse, heureuse mais fatiguée et il ne m’en a pas fallu plus pour décider d’annuler ce voyage. Chéri était d’accord, c’était parfait !
Nous voilà donc à profiter d’une semaine de vacances à la maison sans avoir programmé aucun voyage… la première fois en 4 ans. Quelques jours plus tard, mon père m’appelle. Il est débordé, comme d’habitude. Il me demande si je peux venir dans la semaine pour lui donner un coup de main ; j’avais décidé de prendre une vraie semaine de coupure mais difficile de refuser quand on me demande de l’aide. Je décide de venir mercredi.
Bonjour mercredi. Ma journée de travail se déroule très bien, je fais ce que j’ai à faire, je suis satisfaite. Et puis ça me change de mon métier d’orthophoniste. Ici, j’ai la satisfaction du travail terminé, de la tâche achevée au sein d’une même journée. Difficile d’avoir ce ressenti dans la prise en charge d’enfants ou d’adultes où le travail n’est quelques fois jamais vraiment terminé. Bref.
Je termine finalement ma journée assez tardivement, je voulais finir les missions qui m’avaient été attribuées. Puis, dans un élan d’énergie, je décide de m’arrêter dans le figuier de l’exploitation. Ce figuier, il m’a nourri tout l’été. Gratitude.
Je prends mon temps, je dépose une à une les figues juteuses sur une feuille de figuier. C’est beau. Ce qui est beau surtout, c’est cet homme que je ne connais pas du tout mais qui travaille visiblement sur l’exploitation agricole. Il est beau de l’intérieur car, quand il m’a vu attraper les figues, il est venu les mains pleines, contribuer à remplir ma feuille. Il était allé en chercher sur un autre arbre, il avait décidé de me tendre la main.
30 minutes plus tard, je prends enfin ma voiture pour repartir chez moi, à 40 min d’ici. Sur la route qui longe l’exploitation et la plaine de la crau, la nature me fait un cadeau. Elle m’offre le spectacle d’une famille de perdrix picorant dans le champs. Au mas, chez mon père, je suis dans une temporalité différente. Comme si la nature m’offrait du temps. Alors je m’arrête sur le bord de la route et je filme cette scène. Je prends tout mon temps.
Je reprends enfin la voiture, cette fois-ci bien décidée à rentrer. Il commençait à se faire tard. Quelques mètres plus loin, je vois cette boule près du fossé. Un petit pigeon. Il s’en est passé des choses avant cette fameuse rencontre !
Il était blessé au niveau du plastron, du sang coulait. Il sautillait pour s’éloigner de moi mais bientôt il fut trop fatigué.
Il était hors de question que je le laisse se faire minutieusement manger par des fourmis ou sauvagement par un renard de passage. Il en était absolument hors de question. Soit je l’achevais, soit je le ramenais. Alors je ne l’acheverai pas et je le ramènerai.
J’appelle chéri, parce que c’est aussi chez lui tout de même. Le ventre noué, je compose son numéro et la réponse fut nette et sans appel “non”. Je raccroche, les masséters serrés, la salive coincée dans l’arrière gorge, le souffle coupé. Pourquoi autant de ressentis physiques pour un simple pigeon blessé ?
Ce non ce n’était pas un non comme les autres. Ce non c’était le sien et il allait à l’encontre d’une chose essentielle pour moi.
J’ai compris ce jour-là pourquoi ce non m’avait autant affecté. Il ne me permettait pas de faire en sorte que mes valeurs et mes actes soient en concordance. Que mes pensées profondes et mes décisions soient alignées. Que ce que me dictait mon coeur et ce que faisaient mes mains soient coordonnés. Ce non, il m’a fait me ressentir double. Je pense que…. mais je ne fais pas ce qu’il faut pour….. .
Je pense que je suis profondément ancrée dans la nature et que la malheur des animaux m’est insupportable alors je devrais secourir un animal blessé quand il se présente à moi. Mais finalement, plusieurs fois dans ma vie de couple, ça s’est plutôt transformé en : Je pense que je suis profondément ancrée dans la nature et que la malheur des animaux m’est insupportable alors je devrais secourir un animal blessé quand il se présente à moi sauf que chéri n’est pas du même avis alors je trace ma route.
Ce jour-là, le jour où j’ai rencontré ce pigeon, j’ai décidé qu’il fallait que j’écoute ce que me dictait mon être et que tant que cela n’avait pas de conséquences sur les autres autour, alors je n’avais pas besoin de les consulter pour avoir leur avis ou leur validation.
Ce jour-là, j’ai décidé de m’aligner. De faire en sorte que mes convictions profondes soient écoutées et qu’elles donnent lui à des actions en conséquence. Ce jour-là, j’ai décidé de me faire confiance et d’accepter celle que j’étais tout en respectant les autres parce que cela fait aussi partie de mes valeurs les plus profondes.
Ce jour-là, après qu’un homme m’a tendu la main, j’ai tendu la main à un pigeon.
En rentrant, mon chéri pourtant fâché de ma décision, ne m’a rien dit. Il m’a à son tour tendu la main lorsqu’il a fallu ouvrir des graines de tournesol pour les donner au pigeon.
La boucle était bouclée. Je m’étais enfin rencontrée et contre toute attendre, ma décision a été respectée. Gratitude.
Powa ♣
Merci pour ce partage qui m’arrive aujourd’hui comme ” une main tendue”!
oh quel plaisir tu me fais Colette en disant ça, c’est un peu ce que je cherche en écrivant sur ce blog 🙂
Alors pour rajouter une “louche de joie” à ta journée, sache que ce que tu partages m’inspire quasi quotidiennement et me permet de vivre la vie que j’aime (cad vie d’ortho, de mère et de femme enthousiasmée par moult domaines) sans me noyer… tout est bien organisé!!! alors MERCI!!!
waaaaooo ! Merciiii pour ce message, j’ai tout chaud dans le coeur d’un coup ! <3
Superbe témoignage. ..merci pour le partage !
oh merci 🙂
Joli témoignage. Merci
Merci Valérie :-*
Très poétique ! Et comment va le pigeon ? bisous, merci encore
merci ! Il allait bien la première semaine, il avait repris des forces (je l’avais déposé chez une dame spécialiste). Mais, après avoir amené une 2e pigeonneau à cette même dame (le destin !), elle m’a dit qu’il était probablement malade et qu’il ne récupèrerait pas. Elle m’a rassurée en me disant qu’il était avec les siens, dans une volière et qu’il s’éteindrait paisiblement.
J’adore votre texte. Si simple en fait. Qui nous fait réalisé combien on fait sa route mais rarement SA ROUTE, la notre… Merci.
tout à fait ! merci à vous 🙂
Merci pour cet agréable moment passé à la lecture de votre billet et merci de la part du pigeon aussi 🙂 où qu’il soit.
ravie que vous ayez passé un bon moment 🙂
Magnifique texte ! Et merci pour ce sauvetage <3
<3
En plein chaos mental et remise en question perpétuelle, je mets le doigt grâce à toi et à ton pigeon, que je ne suis pas “alignée”, que mes valeurs et mes actes ne sont pas en adéquation, parasités par les désirs et les injonctionsdes autres.
Merci pour cette prise de conscience.. Je ne sais pas si je vais réussir à changer, mais j’ai fait aujourd’hui un petit saut de pigeon sur ce chemin!
Merci à toi!
Oh super ! J’ai touché dans le mille alors 🙂 Peut-être commencer par une demi-journée où tu te dis ” aujourd’hui, je fais exactement ce que j’ai envie de faire, quoi qu’on en pense” . Step by step ! Il ne faut pas attendre le changement radical mais une succession de petits changements qui vont, au fur et à mesure, tout changer. Bon cheminement 🙂